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EXTRAIT
Depeche Mode

1987/89 – Paris / Zénith

Rester vivant, c’est ça le truc. Rester vivant. Encore assez longtemps. Pour se dire que tout ça a un sens, qu’on a beau être un paumé, un bienheureux, un drogué, un pédé ou un hétéro, il y aura toujours cette putain de faucheuse pour vous casser les couilles et remettre les pendules à l’heure. Le pire dans tout ça, c’est qu’on n’a pas le choix. On a vingt piges et on se regarde dans la glace en se demandant à quoi bon tout ça, à quoi bon n’être qu’un mauvais numéro, toujours fourgué dans le mauvais métro ? A quoi bon défier le système ? A quoi bon si ce n’est pour aller au bout de soi-même ?

Yannick est debout devant la glace. Il faut que ça change. Et vite. Il prend la tondeuse et se la passe délicatement sur le crâne. Les cheveux de l’épaisse chevelure frisée tombent sur le sol, symboles d’un passé qui s’efface peu à peu. Effacer les traces. Sortir de cette vie imposée par les marionnettistes, diffusée chaque soir en gros plan sur canal peur du vingt heure. La transformation prend forme. Ado become homme. Tout ça ne colle plus avec l’humeur du moment. Coulommiers-Paris, c’est le chemin, c’est la vie désormais goth et batcave. Boucles d’oreilles et bouc, le môme n’en n’est plus un. Le môme est affranchi.

Faut dire que Coulommiers, même à cinquante bornes de Paris, question rock, on est encore loin du compte. Heureusement il y a les potes. Les potes de tennis, les potes d’école, les potes de quartier et qui vous font l’éducation. Musicale s’entend. Killing Joke, Christian Death, Coil s’invitent au bal pour un streap intégral, pour l’émergence d’une nouvelle ère. Le gosse a quinze piges et c’est la révélation, la révolution. On se prête les disques, on se passe le rêve. Puis se sont les posters, Best et Planète 45. Jusqu’à la cousine qui appellera la Police. Au lycée, le gars n’est pas vraiment maquillé, pas assez looké. À peine une paire de Doc et deux trois vêtements noirs. Vous me direz, les poches trouées, ça n’aide pas. Yannick est alors un peu anonyme, un mec qui a les boules de regarder les disques dans la vitrine sans pouvoir se les payer, un mec qui comprend pas qu’il faut être fringué pour se faire remarquer. Mode is Society. That’s the way it is.

Il fera donc comme tout le monde. Il se pieutera dans sa chambre et montera le son. Fort parce que c’est mieux, parce qu’on n’entend pas les autres, l’extérieur, tous ces gens qui parlent sans savoir, qui refusent d’y croire.  Il enragera de voir les concerts lui filer sous le nez : Killing Joke, Lords of the New Church, And Also the Trees, Dead Can Dance : il ne fera que les effleurer des doigts. Des reportages sur les pages des magazines, voilà la victime qui s’émerveille sur ces nouveaux crimes. Alors quoi ? Alors ne reste plus qu’à fermer les yeux et partir, dériver avec Coil et cette voix si spéciale, ce côté si mystérieux et ces pochettes débordantes de dessins plus beaux les uns que les autres. Le même trip que Joy Division en somme, ou presque. Une nouvelle voix et des nouvelles pochettes qui attirent. Il imagine le frontman de la Joie grand et costaud, il se révélera petit et fluet : deux ans auront été nécessaires avant de voir le visage du héros : Internet, les DVD, tout ça c’est encore si loin. Faut donc faire avec le peu qu’on a. Avec l’imagination et le son.

Just push play.

Et puis Paris.

Paris un autre monde. Pour les études d’anglais. Des allers-retours pour commencer, les deux trois premières années, puis bientôt un studio, rue Lebrun, dans le 13e. Paris la lumière, le mystère. Mais palpable, tellement palpable cette fois. Le mystère dans les pubs underground, dans les salles grandioses, et les concerts, et les soirées… les folles soirées. Sortir la nuit et se sentir enfin libre d’être soi-même, libre de rêver les yeux grands ouverts sur une musique soudain devenue si féconde. Paris comme une délivrance, comme Christian Death, un soir, ce soir, au New Morning avec son lot de mecs qui se piquent dans la rue. Sordide réalité. Dans l’antre, la vision est illusion d’un temps : public goth et batcave, chanteur avec une jambe dans le plâtre, son pourri. C’est beau la vie, oui, Monsieur, c’est beau Paris. Et tant pis les si les vieux n’y pigent que dalle, tant pis s’ils ne supportent pas Monsieur ou Madame crâne rasé. Et tout le reste. Merde, qu’importe. Qu’importe maintenant. Il temps de profiter, de se donner, s’abandonner. Et surtout ne pas renoncer. Yannick laisse donc courir et attend que ça passe. Que ça leur passe. On ne vit qu’une fois. Il y a des trains à ne pas rater. Des trains fous comme autant de groupes cultes à écouter, à dévorer. Des groupes venus de la perfide Albion ou de chez Oncle Sam et qui s’enivrent d’être ivres. Et si Christian Death n’était qu’un simple dessert ...

à suivre.

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